Pierre-Olivier Jetté
soyons vrais,soyons créateurs, soyons courageux, soyons... NOUS! Changeons le monde de l'éducation!!!
lundi 22 février 2016
jeudi 11 février 2016
Que voulons-nous vraiment? #3 L'évaluation
Les évaluations... qui aime ça? Sérieusement, je crois que nous avons surestimé leur importance. Ce processus de classement ou de reconnaissance à créé beaucoup plus de problématiques au cours des dernières années que d'effets bénéfiques.
Ce 3e article d'une série de 5 qui a pour titre "Que voulons-nous vraiment?" aura comme trame de fond l'évaluation.
Pour amener et expliquer ma vision de cet élément, je la traiterai sous les angles suivants: la conception populaire de l'évaluation, l'apprentissage et ma vision de l'évaluation.
Conception populaire:
L'évaluation rassure les parents qui ont espoir de voir leur jeune se démarquer ou, à tout le moins, faire partie de la moyenne. En effet, dans l'esprit populaire des Québécois, l'évaluation ou le bulletin est perçu comme étant une vérification du bon travail du prof et du parent. L'insécurité des parents pousse une grande majorité des enseignants à surévaluer et à mal évaluer leurs élèves pour fournir des "preuves" du niveau de leurs compétences. Lorsqu'un élève "réussi bien" tout le monde est heureux: les parents sont fiers de leur progéniture, l'enseignant est satisfait et les enfants se valorisent par les différents renforcements positifs qu'ils reçoivent. C'est une autre paire de manches lorsqu'un jeune éprouve des difficultés... Dès l'âge de 6 ans, un enfant avec des difficultés va déjà devoir faire face à la pression de l'échec: dévalorisation, tristesse, perte d'estime de lui-même et une perte d'appétit d'apprendre. Rapidement, ces conséquences auront un impact sur sa motivation. Cette pression contaminante est transmise par les adultes qui entourent l'enfant. Les parents ressentent une pression, car ils désirent le mieux pour leur enfant et certains d'entre-eux subissent également une pression sociale lorsque leur jeune est en échec. Les enseignants, de leur côté, ne veulent pas se sentir coupables de l'échec de leurs élèves. Certains ont peur qu'on remette en question leur jugement et leur compétence professionnels. C'est pourquoi ils s'arment de dictées, de SAÉ, d'un portfolio, etc. pour prouver l'échec ou le mauvais résultat du jeune.
Comme vous le constatez, l'évaluation crée énormément de stress, de pression et nous éloigne de l'essentiel: l'apprentissage.
L'apprentissage:
Voilà l'élément clé qui doit absolument guider nos pratiques. L'évaluation n'est qu'une infime partie dans l'univers qu'est l'apprentissage. Je suis convaincu que l'apprentissage doit passer par l'erreur. C'est la première chose que nous disons à nos nouveaux élèves et à nos parents en début d'année:" je veux que tu te trompes. J'ai besoin de voir à quel endroit précisément dans ton processus cognitif se situe ton erreur. Ainsi, je suis en mesure de la corriger comme le ferait un prof de golf ou un coach de natation." Ce combat est de tous les instants pour passer d'une culture de l'évaluation à une culture de l'apprentissage. Passer du punitif à l'encouragement. Voici donc les étapes que je franchis en accompagnant mes élèves:
1. Diagnostic: il est essentiel de connaître ce que l'élève sait, maîtrise et comprend. Il important de le faire parler pour être en mesure de le voir établir des liens. Depuis l'été dernier, je m'amuse à développer mon modèle dans un contexte différent du programme Voie d'Avenir par l'entremise des cours privés et des cours d'été. J'étais estomaqué de me rendre compte que très peu d'enseignants utilisaient le diagnostic pour situer les éléments à travailler pour améliorer la compréhension des élèves.
2. L'essai: l'élève doit être en action et engagé pour s' assurer que son cerveau soit en construction. Il ne doit pas avoir peur de se lancer; de sortir de sa zone de confort cognitive. Encore là, il est important de répéter souvent à l'élève qu'il a droit à l'erreur. Celle-ci fait partie du processus de l'apprentissage.
3. La validation: l'élève doit démontrer une motivation et un intérêt à savoir où il se situe dans son apprentissage. Bien sûr, on peut comprendre qu'un élève qui se retrouve dans une culture d'évaluation ne ressent pas le désir de valider, car la crainte de l'échec l'habite. Je mentionne toujours à mes élèves que je vais trouver un élément de bon dans leur tentative de réponse. Qu'ils doivent me donner accès à leur raisonnement pour me permettre de poser un nouveau diagnostic et de corriger leur démarche cognitive.
4. La recherche: avec l'avènement des technologies, nous sommes tous en posture d'apprenant. Le plus beau cadeau que nous pouvons donner à un être humain c'est de l'outiller pour qu'il soit libre. Libre de trouver les réponses à ses questions. C'est pourquoi je ne suis pas un adepte des notes de cours uniformisées et remises directement aux élèves ou en dictée trouée. L'élève se doit d'être beaucoup plus actif pour permettre un apprentissage concret et durable.
Vous aurez compris que ces 4 étapes sont modulables et qu'il n'y a pas toujours d'ordre prescrit. L'élève est en démarche d'apprentissage continue.
Ma vision de l'évaluation:
Bien entendu, l'évaluation a son importance . Pour ma part, elle n'est pas une finalité en soit, mais plutôt un référentiel clair pour situer l'apprenant et les différents acteurs qui gravitent autour de sa démarche d'apprentissage. C'est pourquoi, pour éviter les confusions, j'ai décidé de bannir le mot évaluation et plutôt utiliser "tâche autonome". Voici ma vision des tâches autonomes et de leur structure.
Premièrement, les tâches autonomes devraient être limitées en nombre au cours d'une année scolaire. Je n'indiquerai pas de moment idéal dans l'année pour les faire car chaque élève va son rythme à l'intérieur d'une pédagogie active personnalisée. Toutefois, à l'intérieur de nos structures traditionnelles, j'aime bien choisir la mi-année et le mois de juin pour voir la progression. Je l'ai justement mis en application à la fin janvier. J'ai pris un bon 10 minutes avec chacun de mes élèves au cours des 3 semaines suivantes pour leur présenter un plan de match personnalisé pour améliorer leurs stratégies dans le développement des compétences. Ce retour est très essentiel dans l'apprentissage.
Deuxièmement, les tâches autonomes devraient être concrètes, motivantes, personnalisées et enivrantes pour l'apprenant. Elles devraient permettre à l'élève de vivre une expérience unique qui développerait son estime de lui. Imaginez des tâches autonomes où l'apprenant aurait le pouvoir de déterminer certains paramètres! Exemple, lors d'une production écrite, un élève de secondaire 5 écrit un texte argumentatif qu'il publie comme lettre ouverte dans un quotidien. Un élève d'histoire de secondaire 4 crée un musée vivant permettant à des nouveaux arrivants de mieux comprendre l'histoire de leur terre d'accueil (dans les 2 langues bien sûr). En math, un élève pourrait démarrer une mini-entreprise en lien avec sa passion de la planche à neige ayant pour but de créer de nouveaux prototypes pour son sport de glisse préféré. Vous aurez remarqué que j'ai fait exprès pour prendre des niveaux et des matières pour lesquels nous sommes contraints de faire subir des évaluations ministérielles à nos élèves.
Troisièmement, je prône l'abolition des examens ministériels. Ils pourraient être remplacés par les tâches autonomes. Ce système fonctionnerait avec celui du rôle des arbitres que vous trouverez dans cet article.les rôles des profs.
Quatrièmement, nous sortirons des sentiers battus. Nous serons beaucoup plus créatifs. Nous le voyons déjà de plus en plus dans différentes disciplines ex: examen vidéo en math, entrevue grammaticale, défi scientifique, etc. Cette créativité sera au service de la personnalisation au niveau de l'être: passion, intérêt et style d'apprentissage: visuel, auditif, etc. https://www.youtube.com/watch?v=vCo3B91ghbI
Cinquièmement, il sera important d'opter pour un outil de suivi à l'apprenant beaucoup plus rapide sur son positionnement au niveau de son apprentissage. Un document du genre: feuille suivi progression histoire 4 parle beaucoup plus qu'un bulletin. Il est modifiable, partageable et ce, en temps réel. Les parents et les apprenants l'adorent. En utilisant une plate-forme de contenu en ligne, l'élève à en main tous les outils d'un parcours personnalisé pour adapter son parcours scolaire.
Sixièmement, recréer ou conserver la clé du succès pour faciliter l'apprentissage: le coeur. Un élève doit travailler dans un environnement où il se sent important. Un enseignant doit travailler dans un environnement où il sent qu'il fait la différence. Les différents acteurs de l'apprentissage doivent sentir la symbiose qui s'opère. Et, surtout, nos devons nourrir le plaisir d'apprendre. Voici un tweet de François Bourdon qui résume bien ma pensée: "Donnons des moments d'immunité créative".
En conclusion, je suis convaincu que nos jeunes sont en mesure de réaliser des tâches autonomes beaucoup plus complexes que celles que nous leur offrons présentement. Pour le prouver, c'est à nous et à nous seul que revient la responsabilité de faire différemment et de secouer les colonnes du temple du conservatisme éducationnel. Impliquons nos jeunes dans la confection de leurs tâches autonomes. Créons des wow et de la fébrilité. Soyons des Robins des bois: volons une partie du pouvoir de la création des tâches autonomes ministérielles et redonnons le aux élèves et aux enseignants coachs, créateurs et arbitres! Faites partie du changement en partageant vos idées avec le #evalchange créé par la belle initiative de Jocelyn Degenais.
mercredi 3 février 2016
Que voulons-nous vraiment? #2 Les rôles des profs
Un mercredi après-midi quelconque, je reviens d'une réunion avec ma direction en longeant les corridors de mon école. J'ai l'impression de retourner dans un mauvais rêve. Je vois certaines classes placées en rang d'oignons et des enseignants devant la classe expliquant pendant de longues minutes des faits historiques, des notions grammaticales et des fractions.
Comme par magie, je traverse un portail et j'entends de la vie: des rires, des pleurs, des cris, bref de l'émotion: deux enseignantes sont dans le corridor pliées en deux. Je leur demande si tout est ok (certaines femmes ont la faculté de vous faire douter de si elles pleurent ou si elles rient ;). Elles ne sont pas en mesure de me répondre. Je vais voir les deux classes laissées vacantes par les enseignantes du programme Voie d'Avenir. Les élèves sont en action, engagés et tentent de trouver la solution aux différentes tâches offertes par leurs enseignantes respectives en s'entraidant. J'en questionne quelques uns pour savoir ce qui se passe: " Vous savez monsieur Jetté... À l'instant qu'il se passe quelque chose de drôle, Madame Michaud et Madame Joubert doivent absolument se le dire dans le corridor."
(source: twitter: @nancybrousseau)
Dans ce deuxième article d'une série de 5 ayant pour titre "Que voulons-nous vraiment?", j'approfondirai le thème des rôles de la profession enseignante d'aujourd'hui. D'une part, j'élaborerai sur le sujet en vous parlant de ce qui est très cher à mes yeux: mon équipe. Par la suite, je ferai des liens avec elles en vous indiquant la liste des qualités et des compétences qu'un enseignant doit absolument détenir et tenter d'améliorer tout au long de sa vie (et oui, je crois que notre profession est un mode de vie et non seulement un emploi) et finalement, je vous présenterai ma vision folle et éclatée de ce à quoi pourrait bien ressembler les rôles des profs dans un changement total des paradigmes en éducation.
Pourquoi une équipe?
Issu du monde sportif lors de ma jeunesse, il a toujours été difficile pour moi d'avoir un esprit solitaire. En effet, mes 9 premiers mois de vie, je les ai partagés avec ma complice de toujours: ma jumelle Émilie. Même au début de ma carrière d'enseignant j'ai eu la chance de travailler dans le réseau CFER à la polyvalente Robert-Ouimet d'Acton Vale et dans un programme extraordinaire financé par le projet "agir autrement" du Ministère de l'Éducation. C'est à ce moment-là que j'ai eu la chance de côtoyer Philippe Picard, qui enseignait à l'intérieur de ce programme. Celui-ci deviendra mon grand-frère spirituel. Vous comprendrez mieux maintenant que je n'ai aucun mérite et que j'étais destiné à travailler en équipe même si la profession enseignante traditionnelle ne la favorise pas.
MON ÉQUIPE
Enfin! Depuis le début de l'écriture de cet article, j'ai hâte d'arriver à ce moment. Je suis extrêmement fier de mon équipe. Je suis le responsable du programme Voie d'Avenir depuis 9 ans. J'ai la particularité d'être un "joueur/entraineur". En effet, je coordonne le programme tout en étant enseignant à temps plein. Au cours des dernières années, nous sommes passés de 2 enseignants et une trentaine d'élèves à 5 enseignants et 63 élèves répartis de sec. 1 à 5.
Mélissa Joubert:
Valérie Tremblay:
Catherine Michaud:
Élaine Laforest:
Mélanie Ouellette:
Comme vous l'avez sûrement remarqué, je suis le seul enseignant masculin de mon équipe. À la blague, je mentionne souvent que je ne suis pas chanceux. Au contraire, je suis l'homme le plus chanceux du monde. Sans vouloir être sexiste, je crois qu’une grande majorité des femmes ont une belle sensibilité qui doit être transmise à nos élèves. De plus, leur souci du détail et de l'organisation nous permettent de nous améliorer grandement.
QUALITÉS ET COMPÉTENCES
Premièrement, je crois que la première qualité qu'un enseignant doit posséder est l'intelligence émotionnelle. En effet, un enseignant doit se connecter au coeur avant d'espérer un apprentissage quelconque. Bien entendu, pour y parvenir, on doit investir du temps. C'est pourquoi nous suivons nos élèves de secondaire 1 à 5. Les élèves et les enseignants doivent sentir qu'ils ne sont pas des numéros. Je crois que c'est l'une des plus grandes forces et avantages de l'école primaire. La signifiance permet de créer la confiance. C'est la confiance entre chacun qui permet de soulever des montagnes.
Deuxièmement, un enseignant se doit d'être authentique. En effet, nos jeunes ont besoin d'avoir des modèles positifs qui n'essaient pas de cacher leur vraie nature. Ils doivent être en contact avec des gens qui leur présentent leurs forces et leurs faiblesses tout en restant en équilibre. D'un point de vue du développement de la personne, cette authenticité permet de détruire le modèle de la perfection que la société exige. Du côté pédagogique, les erreurs, les échecs, le questionnement et le doute donnent aux élèves la chance de modeler leurs stratégies d'apprentissage.
Troisièmement, un enseignant doit laisser libre cour à sa créativité. Il est plus que temps de terminer l'ère des manuels scolaires. En créant des "expériences d'apprentissage" nos jeunes seront beaucoup plus motivés, engagés, heureux et, surtout, ils ont la chance de développer leur plein potentiel. Cette liberté pédagogique permettra également une plus grande latitude dans la personnalisation.
Quatrièmement, un enseignant doit être un apprenant. Ceci est de loin le plus beau cadeau qu'un pédagogue puisse offrir à ses élèves. En donnant l'exemple d'apprendre pour le plaisir, par passion, pour le dépassement, par souci de rigueur, l'enseignant donne l'exemple et donne accès à son processus interne d'apprentissage. Il est de la responsabilité de l'enseignant de s'assurer d'avoir un plan de formation continue pour demeurer à l'avant-garde en éducation.
Cinquièmement, un enseignant doit s'adapter. Nous travaillons avec des HUMAINS. Il n'y a pas de recette universelle. Chaque être humain est différent, donc, il apprend différemment, à un rythme différent et il a des intérêts différents. Pour augmenter le beau défi que cela représente, ces êtres vivants ont des émotions qui sont guidées selon les défis que la vie leur présente. Vous comprendrez que le changement est un paramètre invisible qui a une force herculéenne. Soit tu apprends à l'apprivoiser, soit il te détruit!
Sixièmement, un enseignant se doit d'avoir la faculté du bonheur. Ici, je parle du vrai bonheur. Je fais donc référence à la deuxième qualité et compétence. Les élèves ont besoin de voir des adultes vrais devant eux. Donc le bonheur n'est pas toujours au rendez-vous dans nos vies. Toutefois, un enseignant doit partager le bonheur qu'il a d'exercer le plus beau métier du monde. Les élèves, les parents les collègues, leurs amis, leurs familles doivent sentir à quel point ils sont heureux de changer des vies. Ce bonheur est contagieux et permet aux jeunes d'avoir foi en l'avenir.
RÊVONS UN PEU:
Bien entendu, j'ai sûrement oublié plusieurs qualités et/ou compétences. De plus, je n'ai pas la prétention de toutes les posséder ou les maîtriser. C’est pour cela qu’il m'est venu l'idée à travers les années d'une vision folle et éclatée d'un changement de paradigmes dans les rôles des enseignants: coach, arbitre, créateur.
Premièrement, dans ma vision, je viendrais offrir des rôles différents aux enseignants. Ainsi, certains pourraient jouer le rôle de coachs, d'arbitres et de créateurs. Je m'explique. Je considère que le triple rôle des enseignants de faire développer chez leurs élèves leur plein potentiel, de créer des expériences pédagogiques et d'avoir la responsabilité d'évaluer celui-ci nous met déjà en conflit. Dans plusieurs autres domaines de notre société ces "pouvoirs" sont séparés. Par exemple, un entraîneur de patinage artistique prépare son athlète à performer lors d'une compétition. Il n'a pas la responsabilité et le pouvoir de noter sa performance. Un enseignant de cours de conduite guidera un jeune dans les rudiments de la conduite automobile. Il ne sera pas assis du côté passager lors de son examen à la SAAQ.
1) Les coachs: Premièrement, les "coachs" auraient la chance d'offrir à leurs élèves une vision d'équipe et non d'obligations et de menaces pour créer l'apprentissage. Ce processus permettrait de faire davantage de place à l'erreur/diagnostic, au modelage, à la rétroaction et au plaisir d'apprendre. Leurs principales responsabilités seraient les suivantes: bien-être de l'élève, guider et développer leur plein potentiel d'être humain, faire découvrir leurs types d'apprentissage et leurs stratégies et de faire équipe avec les parents pour soutenir la cohérence entre la maison et l'école.
2) les créateurs: Deuxièmement, les créateurs auraient le plaisir de créer des expériences pédagogiques incroyables qui permettraient aux coachs de les faire vivre à leurs jeunes. Je vois la distinction entre les deux rôles par l'exemple d'un scénariste et d’un metteur en scène. Les deux ont besoin de travailler en étroite collaboration pour permettre un chef-d'oeuvre. Le coach aurait toujours le plaisir d'adapter, d'innover, de suggérer et surtout de se tromper. Je suggérerais fortement aux enseignants de créer des duos et d'alterner au cours de la même année, à chaque année et/ou du même cycle pour ne pas être déconnecté de la réalité. Comme pour le coach, le créateur devrait bien connaître les élèves pour offrir des expériences pédagogiques personnalisées.
3) les arbitres: Finalement, les arbitres auraient la responsabilité de créer des tâches autonomes cohérentes, concrètes et motivantes pour évaluer les apprentissages de nos jeunes (j'espère que vous avez remarqué que je ne parle pas d'examens traditionnels. Ce sera le thème de mon prochain billet). Ils auraient également les responsabilités suivantes: évaluer l'apprentissage des jeunes, suggérer des pistes précises de diagnostics et d'aide en cas d'échec, de guider les coachs et les créateurs pour leur permettre de bien développer leurs élèves, d'apprendre à bien connaître les élèves pour les différencier et offrir des tâches autonomes personnalisées.
Cette distinction des rôles permettrait de maximiser la différenciation chez les enseignants. En effet, ce travail d'équipe changerait grandement les paradigmes du rôle de l'enseignant traditionnel, mais il ferait naître des conditions optimales pour recentrer l'éducation vers ses priorités: développer le plein potentiel de chaque jeune, s'assurer de leur offrir la chance d'être heureux et non pas d'évaluer à outrance des contenus souvent vides de sens.
mercredi 27 janvier 2016
Que voulons-nous vraiment? #1 Les structures
Ça fait bientôt 9 ans que je travaille année après année à réfléchir, à essayer, à lire, à chercher et à tenter d'innover dans le merveilleux monde de l'éducation. Au cours des dernières années, nous avons assisté à une mobilisation grandissante vers le faire autrement. Les succès comme Clair, refer et tous les autres colloques, congrès et edcamp nous démontrent que le vent du changement est sur le point de se transformer en tempête.
À la lumière de ce constat, cette question occupe énormément mon esprit: que voulons-nous vraiment?
Bien entendu, Il y a autant de réponses que nous sommes d'individus. De plus, je n'ai aucunement la prétention d'avoir la vérité absolue, ni, encore moins, d'avoir la recette unique pour créer l'école du 21ème siècle. En effet, je ne crois pas du tout au concept "clé en main" en éducation.
Donc, dans un esprit de partage et de collaboration, j'aimerais vous exposer ma vision de l'éducation 2.0 par le biais d'une série de 5 articles qui auront pour thèmes: les structures, les rôles de l'enseignant, l'évaluation, les mécanismes de ma vision et le curriculum. Vous remarquerez que je ne ferai aucunement allusion aux technologies. Pour moi, ce débat n'a pas sa raison d'être. Ils font parties de nos vies à présent. L'école comme toutes les autres sphères de notre société ne peuvent s'en dissocier. Également, ces magnifiques et puissants outils sont des moyens pour changer nos pratiques pédagogiques et non une finalité en soi.
Bonne lecture et au plaisir d'échanger avec vous sur ce sujet :)
1. Les structures
Dans un premier temps, il est faux de croire qu'un changement en profondeur ce fera sans une réelle refonte de nos structures. Nous sommes plusieurs à parler de collaboration, de partage et de créativité. Pour ce faire, nous devons revoir nos structures scolaires tant au niveau de l'organisation des groupes, de l'horaire quotidien et annuel et des effectifs professionnels.
Je suis un ardent défenseur des groupes multi-niveaux et multi-âges par choix et non par désir d'économie ou de contraintes de nombre d'élèves dans certaines écoles. Depuis 9 ans, le programme voie d'avenir développe ce modèle. Les avantages sont multiples: baisse flagrante de l'intimidation, collaboration étroite entre les pairs, obligation pour les enseignants de changer leurs pratiques pédagogiques, personnalisation de l'apprentissage, environnement qui s'apparente de plus près à la vraie vie, relation significative enseignants/élèves/parents, etc.
Cette structure pousse les membres de cette "famille" à vivre en harmonie en se souciant de la réussite globale de ses membres et ayant pour but commun de travailler ensemble pour s'entraider. Concrètement, l'élève à le pouvoir de créer son horaire. Cette organisation qui s'inspire des écoles alternatives permet automatiquement de concevoir des groupes multi-niveaux (sec. 1 à 5). Pour ceux qui sont plus pragmatiques, il me fera plaisir de vous présenter les mécanismes de ma vision dans le dernier article de cette série de 5.
Comme je l'ai souligné un peu plus tôt, l'horaire quotidien et annuel doit être revus. En effet, pour accroître la motivation et l'autonomie des élèves, il est plus qu'important de revoir l'horaire des élèves. Puisque tous les êtres humains sont uniques, il est normal de constater une disparité en ce qui concerne le niveau de compréhension de nos élèves. C'est pourquoi que je crois à un modèle personnalisé.
Lorsque nous permettons aux jeunes de décider ce qu'il fait, quand il le fait et, la plupart du temps, comment il le fait il est clair qu'on leur donne les outils nécessaires pour pouvoir prendre une place active dans leur apprentissage.
Lorsque nous permettons aux jeunes de décider ce qu'il fait, quand il le fait et, la plupart du temps, comment il le fait il est clair qu'on leur donne les outils nécessaires pour pouvoir prendre une place active dans leur apprentissage.
Pour l'avoir expérimenté depuis plus d'un an, nous constatons une grande amélioration au niveau de la responsabilisation et de l'autonomie de nos élèves. L'opportunité de choisir la planification est stimulante et permet un engagement plus important de ceux-ci. Ainsi, un jeune ayant de la facilité en une matière quelconque aura la chance d'effectuer son travail en beaucoup moins de temps ou d'approfondir celui-ci sans être interrompu par le son agressant d'une cloche qui est là seulement pour nous rappeler nos structures beaucoup trop rigides.
Dans un même sens, l'année scolaire doit aussi être revue. Pour de multiples raisons: vacances familiales, compétition sportive, rendez-vous, etc. La structure de l'année scolaire devrait laisser place à beaucoup plus de souplesse selon les contraintes d'événement mentionnées précédemment. Encore une fois, cette modification aurait des impacts bénéfiques à plusieurs égards: motivation, responsabilisation, différentiation, valorisation des talents autre que scolaire, etc. La personnalisation permettrait également de revoir le concept de durée unique de l'année scolaire (septembre à juin). La durée unique est l'un des grands saboteurs de la motivation scolaire selon moi. Rêvons un peu... pourquoi pas des sessions d'été qui permettraient à un jeune de prendre de l'avance dans son curriculum et/ou d'approfondir une discipline qui le passionne.
Nous ne pouvons pas parler de structures sans glisser un mot sur la répartition des effectifs professionnels à l'intérieur de ce système. Avec l’avènement des technologies et le partage de l'information, le rôle de l'enseignant à changer. En ce sens, les enseignants devraient être répartis selon leurs compétences humaines, professionnels et par intérêt. Sans vouloir élaborer sur ce sujet puisqu'il touche à un thème précis de ma série d'articles, ( #2 rôles de l'enseignant) l'enseignant pourrait avoir l'opportunité, en partenariat avec la direction, de choisir un rôle précis dans l'établissement: coach, innovateur, évaluateur. Cette différenciation au niveau des enseignants aurait pour objectif d'augmenter la signifiance et humaniser les relations entre les individus.
N'hésitez pas à communiquer avec moi si vous avez des questions et ou des commentaires.
pojette@etude.ca
twitter: @pojette @28gr
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