lundi 22 février 2016

Que voulons-nous vraiment?: les mécanismes de ma vision #4

Ipad? Chromebook? ChallengeU ? Moodle? Seesaw? Go pro? Le débat ne réside pas là...Pour parvenir au vrai changement que nous désirons tant , nous devons à tout prix le créer, et pour ça, je suis convaincu que le même changement en question aura besoin d'aide. À l'intérieur de ce 4e article d'une série de 5  ayant pour titre: ≪Que voulons-nous vraiment?≫, je vous exposerai les mécanismes de ma vision. Je tiens à vous prévenir que cet article va bousculer certains dogmes du monde de l'éducation. En effet, je traiterai des syndicats, de la tâche enseignante et de pédagogie.


Les syndicats ont et auront toujours une cause noble à défendre soit de s' assurer que leurs membres soient bien traités selon un contrat de travail préétabli par l'employeur et les représentants des employés. Toutefois, je crois fermement que le syndicalisme en éducation est arrivé à un point de rupture. Les syndicats qui représentent les enseignants devront se renouveler ou disparaître. Ouch! Je vous avais prévenus que mon article ne plairait pas à tous :)

En effet, le modèle traditionnel syndical ne répond plus au monde actuel pour plusieurs raisons.

Premièrement, certains enseignants se protègent derrière leur syndicat et leur convention en effectuant un travail ordinaire, voir gênant. Bien entendu, ledit syndicat protégera ses membres permanents à la vie à la mort au détriment du service  fourni à l'élève.

Deuxièmement, la plupart des syndicats sont un frein et un irritant aux changements à la recherche de solutions en éducation. Il existe peu de domaines où les employés ont droit de regard sur toutes les décisions de l'employeur. Malgré qu’une décision soit une action positive pour les élèves, certains syndicats n'hésiteront pas à la contester pour bris de procédures ou par crainte d'augmenter de quelques minutes la tâche de leurs membres. Pour ceux qui fréquentent régulièrement les assemblées syndicales, il est rare que l'élève soit au centre des préoccupations.

Je propose donc de revoir le modèle du syndicalisme traditionnel en créant un juste milieu. D'une part, le premier fondement de cette structure devra avoir l'élève au centre de toutes les décisions. Cette nouvelle structure pourra offrir aux enseignants la chance de bénéficier d'une formation continue pour offrir le meilleur service à leurs élèves. Ce renouveau syndical devra s' assurer que tous les membres participent activement au projet éducatif de l'école. Bien entendu, une structure de protection des acquis devra être discutée. Néanmoins, la direction, à l'aide d'un comité de sages, aura le pouvoir de choisir le rôle et la tâche des enseignants selon les capacités et les compétences de chacun et non seulement leur ancienneté. Malheureusement, je ne fonde pas beaucoup d'espoir que le modèle syndical se réinventera. C'est pourquoi je suis pour un ordre professionnel des enseignants qui aura comme objectif principal d'encadrer professionnellement et moralement les enseignants. J'entends déjà les voix se lever: ≪c'est bien beau tout ça, mais comment ça fonctionnerait?≫

Voici mes pistes de réflexion et de solutions. D'une part, la tâche des enseignants devra être modifiée. Effectivement, je crois que nous faisons partie d'une tranche privilégiée de la société. Si nous sommes honnêtes, nous reconnaîtrons que nous travaillons 180 jours par année, soit environ une journée sur 2. Ah oui, c'est vrai, nous avons 20 journées pédagogiques. Encore une fois, si nous sommes honnêtes, nous reconnaîtrons que ces journées pédagogiques ne sont pas éreintantes. Même si j’ajoute ces 20 journées nous arrivons à une moyenne de 54% de journées travaillées dans une année. Encore une fois, je vous entends me mentionner que notre travail demande beaucoup de temps à l'extérieur de la classe et de l'école. C'est pourquoi je propose de revoir la tâche des enseignants.

Le modèle de la tâche enseignante varie très peu d’un établissement à l’autre. Au niveau secondaire, la plupart des enseignants se retrouvent comme spécialiste de matière et la majorité d’entre eux souhaitent avoir une planification à réaliser en ayant plusieurs groupes (français secondaire 1,  4 groupes). Cette décision a plusieurs conséquences.

Premièrement, ils se retrouvent avec un nombre élevé d’élèves (36 élèves x 4 groupes) qu’ils côtoient en moyenne 4 heures par semaine. Avec ces conditions, il est difficile de créer des liens significatifs et permanents pour faciliter l’apprentissage.

Deuxièmement, cette mesure crée un isolement disciplinaire. Il est encore plus difficile de créer des apprentissages significatifs et concrets. Ce système de silos isole chacun des enseignants en cristallisant les pratiques traditionnelles des différentes disciplines.

Troisièmement, cette structure de groupe fixe est un terreau fertile pour créer des dynamiques de groupe indésirables. En effet, les élèves passent environ 25 heures par semaine ensemble. Sans adulte pour guider cette force du lien et de la coopération, il est normal que la place du leader soit comblée par les élèves.

Quatrièmement, cette isolation volontaire groupe/enseignant vient favoriser le moi (enseignant) et vous (le groupe). L’enseignant peut facilement passer les premiers mois de l’année à mettre en place sa gestion de classe. Comme mentionné dans le point précédent, l’enseignant est un visiteur du groupe et non un membre à part entière de cette cellule éducative.

Voici donc ce que je propose: créer des familles d'apprentissage. 5 enseignants, 90 élèves (moyenne de 18 élèves par enseignant). Cette famille aura comme responsabilité de développer le plein potentiel de leurs “enfants d’école”. Ils assureront le suivi au niveau des compétences disciplinaires de secondaire 1 à 5. Cette famille d’apprentissage verra grandir leurs “enfants d’école” au cours des 5 années de leur parcours secondaire. Comme “parents d’école” les enseignants veilleront sur les besoins essentiels de leurs protégés: suivi d’apprentissage personnalisé, suivi affectif et psychologique, etc.

Laissez-moi le plaisir de vous présenter les nombreux avantages d’une telle structure, mais avant, je tiens à vous mentionner que le nombre de 5 enseignants et de 90 élèves ne sortent pas d’un chapeau de magicien. En effet, c’est en comparant quelques écoles secondaires québécoises (publiques et privées) au niveau du nombre d’enseignants et du nombre d’élèves que j’arrive à ce ratio. Donc, cette mesure ne demandera aucun coût additionnel.

avantage #1: nombre d’élèves

90 élèves ou moins… Voici un nombre qui fera rêver de nombreux enseignants. De plus, ce nombre ne changera pas à chaque année puisque vous suivrez vos élèves sur 5 ans! En ayant le temps de développer les élèves, il est encore plus facile de personnaliser l’enseignement. En côtoyant au quotidien, et ce, plusieurs heures par jours vos “enfants d’école”, la signifiance prof/élève sera beaucoup plus facile à construire.

avantage #2: L’équipe

5 enseignants qui se partageront la responsabilité de 90 élèves. Cette cellule d’éducateurs permettra de défaire le concept moi et vous. Les enseignants pourront donc se soutenir et travailler à l’intérieur d’une vision commune tant au niveau de la pédagogie que dans l’approche humaine.


avantage #3: gagner du temps


En effet, vous comprendrez qu’avoir moins d’élèves vous aidera à gagner du temps, mais il y a d’autres avantages.: Par exemple, si des élèves travaillent sur leur projet histoire en sec. 1-2-3, l'enseignante de français peut utiliser le temps à l'intérieur de cette période pour rencontrer individuellement les élèves et corriger leur production écrite devant eux. Cela permet une rétroaction en direct et pourquoi pas demander à l’élève de vous enregistrer pour lui redonner la responsabilité de sa démarche d’apprentissage. Question de créer un équilibre de vie intéressant, je propose également de concevoir un horaire sur 4 jours pour les enseignants. Votre ratio prof/élève augmentera à environ 22 élèves par classe. Il s'agit d'une économie de 13 élèves vs la classe de 36 que nous retrouvons dans plusieurs établissements.


avantage #4: fini les silos

5 enseignants qui travailleront dans le même environnement et qui se partageront les compétences disciplinaires de secondaire 1 à 5 favorisera, enfin, des expériences d’apprentissage concrètes, stimulantes et globalisantes. Fini la vision de matière unique. Fini les compartiments. Rêvons un peu... le français et l'anglais fondu à l'intérieur des autres matières :)


Bien entendu, ma proposition viendra chatouiller les plus conservateurs à plusieurs niveaux. D’une part, vous comprendrez que le nombre de minutes en présence des élèves augmentera. Si vous êtes mal à l'aise avec ce point, demandez-vous si vous exercez le bon métier! Nos collègues du primaire connaissent bien cette réalité. Vous comprendrez également que vous aurez plus d’une planification à réaliser. D’où la magnifique opportunité de travailler en équipe pour combiner des contenus à l’intérieur d’expériences d’apprentissage concrètes et ludiques. Vous comprendrez aussi que votre rôle d’enseignant au secondaire est de développer le plein potentiel de vos “enfants d’école”. Leur bien-être devra être une priorité pour vous! Ainsi, cette familiarisation de l’école lui redonnera un bonne dose d’humanisme, de coopération, d’entraide, d’authenticité, de respect et d’autonomie. N’est-ce pas un bon moyen de donner un vent de fraîcheur et de positivisme dans une société de plus en plus individualiste et égoïste?


En conclusion, ma proposition est un exemple de métamorphose de notre système pour permettre un réel changement. Celui-ci ne pourra se concrétiser seulement en utilisant une pédagogie différente du modèle traditionnel. Je vous la présenterai lors de mon 5e et dernier article sous le thème: ≪Que voulons-nous vraiment?≫

jeudi 11 février 2016

Que voulons-nous vraiment? #3 L'évaluation

Les évaluations... qui aime ça? Sérieusement, je crois que nous avons surestimé leur importance. Ce processus de classement ou de reconnaissance à créé beaucoup plus de problématiques au cours des dernières années que d'effets bénéfiques.

Ce 3e article d'une série de 5 qui a pour titre "Que voulons-nous vraiment?" aura comme trame de fond l'évaluation.

Pour amener et expliquer ma vision de cet élément, je la traiterai sous les angles suivants: la conception populaire de l'évaluation, l'apprentissage et ma vision de l'évaluation.

Conception populaire:

L'évaluation rassure les parents qui ont espoir de voir leur jeune se démarquer ou, à tout le moins, faire partie de la moyenne. En effet, dans l'esprit populaire des Québécois, l'évaluation ou le bulletin est perçu comme étant une vérification du bon travail du prof et du parent. L'insécurité des parents pousse une  grande majorité des enseignants à surévaluer et à  mal évaluer leurs élèves pour fournir des "preuves" du niveau de leurs compétences. Lorsqu'un élève "réussi bien" tout le monde est heureux: les parents sont fiers de leur progéniture, l'enseignant est satisfait et les enfants se valorisent par les différents renforcements positifs qu'ils reçoivent. C'est une autre paire de manches lorsqu'un jeune éprouve des difficultés... Dès l'âge de 6 ans, un enfant avec des difficultés va déjà devoir faire face à la pression de l'échec: dévalorisation, tristesse, perte d'estime de lui-même et une perte d'appétit d'apprendre. Rapidement, ces conséquences auront un impact sur sa motivation. Cette pression contaminante est transmise par les adultes qui entourent l'enfant. Les parents ressentent une pression, car ils désirent le mieux pour leur enfant et certains d'entre-eux subissent également une pression sociale lorsque leur jeune est en échec. Les enseignants, de leur côté, ne veulent pas se sentir coupables de l'échec de leurs élèves. Certains ont peur qu'on remette en question leur jugement et leur compétence professionnels. C'est pourquoi ils s'arment de dictées, de SAÉ, d'un portfolio, etc. pour prouver l'échec ou le mauvais résultat du jeune.

Comme vous le constatez, l'évaluation crée énormément de stress, de pression et nous éloigne de l'essentiel: l'apprentissage.

L'apprentissage:

Voilà l'élément clé qui doit absolument guider nos pratiques. L'évaluation n'est qu'une infime partie dans l'univers qu'est l'apprentissage. Je suis convaincu que l'apprentissage doit passer par l'erreur. C'est la première chose que nous disons à nos nouveaux élèves et à nos parents en début d'année:" je veux que tu te trompes. J'ai besoin de voir à quel endroit précisément dans ton processus cognitif se situe ton erreur. Ainsi, je suis en mesure de la corriger comme le ferait un prof de golf ou un coach de natation." Ce combat est de tous les instants pour passer d'une culture de l'évaluation à une culture de l'apprentissage. Passer du punitif à l'encouragement. Voici donc les étapes que je franchis en accompagnant mes élèves:

1. Diagnostic: il est essentiel de connaître ce que l'élève sait, maîtrise et comprend. Il important de le faire parler pour être en mesure de le voir établir des liens. Depuis l'été dernier, je m'amuse à développer mon modèle dans un contexte différent du programme Voie d'Avenir par l'entremise des cours privés et des cours d'été. J'étais estomaqué de me rendre compte que très peu d'enseignants utilisaient le diagnostic pour situer les éléments à travailler pour améliorer la compréhension des élèves.

2.  L'essai: l'élève doit être en action et engagé pour s' assurer que son cerveau soit en construction. Il ne doit pas avoir peur de se lancer; de sortir de sa zone de confort cognitive. Encore là, il est important de répéter souvent à l'élève qu'il a droit à l'erreur. Celle-ci fait partie du processus de l'apprentissage.

3. La validation: l'élève doit démontrer une motivation et un intérêt à savoir où il se situe dans son apprentissage. Bien sûr, on peut comprendre qu'un élève qui se retrouve dans une culture d'évaluation ne ressent pas le désir de valider, car la crainte de l'échec l'habite.  Je mentionne toujours à mes élèves que je vais trouver un élément de bon dans leur tentative de réponse. Qu'ils doivent me donner accès à leur raisonnement pour me permettre de poser un nouveau diagnostic et de corriger leur démarche cognitive.

4. La recherche: avec l'avènement des technologies, nous sommes tous en posture d'apprenant. Le plus beau cadeau que nous pouvons donner à un être humain c'est de l'outiller pour qu'il soit libre. Libre de trouver les réponses à ses questions. C'est pourquoi je ne suis pas un adepte des notes de cours uniformisées et remises directement aux élèves ou en dictée trouée. L'élève se doit d'être beaucoup plus actif pour permettre un apprentissage concret et durable.

Vous aurez compris que ces 4 étapes sont modulables et qu'il n'y a pas toujours d'ordre prescrit. L'élève est en démarche d'apprentissage continue.

Ma vision de l'évaluation:

Bien entendu, l'évaluation a son importance . Pour ma part, elle n'est pas une finalité en soit, mais plutôt un référentiel clair pour situer l'apprenant et les différents acteurs qui gravitent autour de sa démarche d'apprentissage. C'est pourquoi, pour éviter les confusions, j'ai décidé de bannir le mot évaluation et plutôt utiliser "tâche autonome". Voici ma vision des tâches autonomes et de leur structure.

Premièrement, les tâches autonomes devraient être limitées en nombre au cours d'une année scolaire. Je n'indiquerai pas de moment idéal dans l'année pour les faire car chaque élève va son rythme à l'intérieur d'une pédagogie active personnalisée. Toutefois, à l'intérieur de nos structures traditionnelles, j'aime bien choisir la mi-année et le mois de juin pour voir la progression. Je l'ai justement mis en application à la fin janvier. J'ai pris un bon 10 minutes avec chacun de mes élèves au cours des 3 semaines suivantes pour leur présenter un plan de match personnalisé pour améliorer leurs stratégies dans le développement des compétences. Ce retour est très essentiel dans l'apprentissage.


Deuxièmement, les tâches autonomes devraient être concrètes, motivantes, personnalisées et enivrantes pour l'apprenant. Elles devraient permettre à l'élève de vivre une expérience unique qui développerait son estime de lui. Imaginez des tâches autonomes où l'apprenant aurait le pouvoir de déterminer certains paramètres! Exemple, lors d'une production écrite, un élève de secondaire 5 écrit un texte argumentatif qu'il publie comme lettre ouverte dans un quotidien. Un élève d'histoire de secondaire 4 crée un musée vivant permettant à des nouveaux arrivants de mieux comprendre l'histoire de leur terre d'accueil  (dans les 2 langues bien sûr). En math, un élève pourrait démarrer une mini-entreprise en lien avec sa passion de la planche à neige ayant pour but de créer de nouveaux prototypes pour son sport de glisse préféré. Vous aurez remarqué que j'ai fait exprès pour prendre des niveaux et des matières pour lesquels nous sommes contraints de faire subir des évaluations ministérielles à nos élèves.

Troisièmement, je prône l'abolition des examens ministériels. Ils pourraient être remplacés par les tâches autonomes. Ce système fonctionnerait avec celui du rôle des arbitres que vous trouverez dans cet article.les rôles  des profs.

Quatrièmement, nous sortirons des sentiers battus. Nous serons beaucoup plus créatifs. Nous le voyons déjà de plus en plus dans différentes disciplines ex: examen vidéo en math, entrevue grammaticale, défi scientifique, etc. Cette créativité sera au service de la personnalisation au niveau de l'être: passion, intérêt et style d'apprentissage: visuel, auditif, etc. https://www.youtube.com/watch?v=vCo3B91ghbI


Cinquièmement, il sera important d'opter pour un outil de suivi à l'apprenant beaucoup plus rapide sur son positionnement au niveau de son apprentissage. Un document du genre: feuille suivi progression histoire 4 parle beaucoup plus qu'un bulletin. Il est modifiable, partageable et ce, en temps réel. Les parents et les apprenants l'adorent. En utilisant une plate-forme de contenu en ligne, l'élève à en main tous les outils d'un parcours personnalisé pour adapter son parcours scolaire.

Sixièmement, recréer ou conserver la clé du succès pour faciliter l'apprentissage: le coeur. Un élève doit travailler dans un environnement où il se sent important. Un enseignant doit travailler dans un environnement où il sent qu'il fait la différence. Les différents acteurs de l'apprentissage doivent sentir la symbiose qui s'opère. Et, surtout, nos devons nourrir le plaisir d'apprendre. Voici un tweet de François Bourdon  qui résume bien ma pensée: "Donnons des moments d'immunité créative".

En conclusion, je suis convaincu que nos jeunes sont en mesure de réaliser des tâches autonomes beaucoup plus complexes que celles que nous leur offrons présentement. Pour le prouver, c'est à nous et à nous seul que revient la responsabilité de faire différemment et de secouer les colonnes du temple du conservatisme éducationnel. Impliquons nos jeunes dans la confection de leurs tâches autonomes. Créons des wow et de la fébrilité. Soyons des Robins des bois: volons une partie du pouvoir de la création des tâches autonomes ministérielles et redonnons le aux élèves et aux enseignants coachs, créateurs et arbitres! Faites partie du changement en partageant vos idées avec le #evalchange créé par la belle initiative de Jocelyn Degenais.

mercredi 3 février 2016

Que voulons-nous vraiment? #2 Les rôles des profs

Un mercredi après-midi quelconque, je reviens d'une réunion avec ma direction en longeant les corridors de mon école. J'ai l'impression de retourner dans un mauvais rêve. Je vois certaines classes placées en rang d'oignons et des enseignants devant la classe expliquant pendant de longues minutes des faits historiques, des notions grammaticales et des fractions.
Comme par magie, je traverse un portail et j'entends de la vie: des rires, des pleurs, des cris, bref de l'émotion: deux enseignantes sont dans le corridor pliées en deux. Je leur demande si tout est ok (certaines femmes ont la faculté de vous faire douter de si elles pleurent ou si elles rient ;). Elles ne sont pas en mesure de me répondre. Je vais voir les deux classes laissées vacantes par les enseignantes du programme Voie d'Avenir. Les élèves sont en action, engagés et tentent de trouver la solution aux différentes tâches offertes par leurs enseignantes respectives en s'entraidant. J'en questionne quelques uns pour savoir ce qui se passe: " Vous savez monsieur Jetté... À l'instant qu'il se passe quelque chose de drôle, Madame Michaud et Madame Joubert doivent absolument se le dire dans le corridor."

(source: twitter: @nancybrousseau)

Dans ce deuxième article d'une série de 5 ayant pour titre "Que voulons-nous vraiment?", j'approfondirai le thème des rôles de la profession enseignante d'aujourd'hui. D'une part, j'élaborerai sur le sujet en vous parlant de ce qui est très cher à mes yeux: mon équipe. Par la suite, je ferai des liens avec elles en vous indiquant la liste des qualités et des compétences qu'un enseignant doit absolument détenir et tenter d'améliorer tout au long de sa vie (et oui, je crois que notre profession est un mode de vie et non seulement un emploi) et finalement, je vous présenterai ma vision folle et éclatée de ce à quoi pourrait bien ressembler les rôles des profs dans un changement total des paradigmes en éducation.

Pourquoi une équipe?

Issu du monde sportif lors de ma jeunesse, il a toujours été difficile pour moi d'avoir un esprit solitaire. En effet, mes 9 premiers mois de vie, je les ai partagés avec ma complice de toujours: ma jumelle Émilie. Même au début de ma carrière d'enseignant j'ai eu la chance de travailler dans le réseau CFER à la polyvalente Robert-Ouimet d'Acton Vale et dans un programme extraordinaire financé par le projet "agir autrement" du Ministère de l'Éducation. C'est à ce moment-là que j'ai eu la chance de côtoyer Philippe Picard, qui enseignait à l'intérieur de ce programme. Celui-ci deviendra mon grand-frère spirituel. Vous comprendrez mieux maintenant que je n'ai aucun mérite et que j'étais destiné à travailler en équipe même si la profession enseignante traditionnelle ne la favorise pas.

MON ÉQUIPE

Enfin! Depuis le début de l'écriture de cet article, j'ai hâte d'arriver à ce moment. Je suis extrêmement fier de mon équipe. Je suis le responsable du programme Voie d'Avenir depuis 9 ans. J'ai la particularité d'être un "joueur/entraineur". En effet, je coordonne le programme tout en étant enseignant à temps plein. Au cours des dernières années, nous sommes passés de 2 enseignants et une trentaine d'élèves à 5 enseignants et 63 élèves répartis de sec. 1 à 5.

Mélissa Joubert:
Mme Joubert est une enseignante de français en secondaire 3-4-5. Elle a la faculté déconcertante d'entrer facilement en contact avec les jeunes. Son côté humain fait d'elle une enseignante attachante. C'est pourquoi ses activités de discussions et d'exposés oraux permettent d'assister à des moments mémorables et touchants. Cette maman aime ses "enfants d'école" au plus haut point. Elle adore partager des activités innovantes avec notre collègue du primaire Mme Houle. Ces activités font croître, surtout chez nos gars, un côté paternel que nous devons absolument développer si vous voulez mon avis.
Sa classe ressemble à un cocon douillet. Elle n'a pas hésité à passer plusieurs heures l'été dernier pour s'assurer que les élèves se sentent chez-eux et non pas dans une salle de classe froide. Pour conclure, Mme Joubert n'a pas peur de commettre des erreurs et n'a pas peur du ridicule comme en fait preuve certains clichés sur notre page facebook de groupe.

Valérie Tremblay:  
Mme Tremblay est une enseignante de français en secondaire 1 et 2 et en anglais de secondaire 1, mais surtout, Mme Tremblay joue le rôle d'orthopédagogue avec nous. J'adore le fait qu'elle puisse travailler sur deux fronts avec nos élèves. Elle est passée maître dans l'art de l'utilisation des stratégies d'apprentissage. Elle m'aide énormément à devenir un meilleur enseignant à ce niveau. De plus, Mme Tremblay a suivi la vague de la ludification en créant des séquences d'apprentissage innovantes, stimulantes et concrètes pour nos jeunes. Je suis persuadé qu'elle se fera un plaisir de vous les partager si vous prenez le temps de la contacter. Le fait que cette enseignante soit autant passionnée par l'éducation nous pousse à nous améliorer sans cesse. Elle a le courage d'essayer de nouvelles approches pour s'assurer d'un apprentissage optimal pour nos jeunes. Pour conclure, Mme Tremblay a une capacité d'adaptation déconcertante. Cette jeune femme est arrivée avec nous en ayant travaillé au primaire. Elle dû apprendre rapidement à travailler avec une clientèle de niveau secondaire et dans une approche différente.

Catherine Michaud:
Mme Michaud est une enseignante de mathématique en secondaire 3-4-5 et en science de sec. 3-4. La complice de Mme Joubert est une femme débordante d'énergie. Elle est une des rares profs de math que je connaisse qui ose sortir des sentiers battus traditionnels et séquentiels des mathématiques et des sciences. Mme Michaud est la personne la plus intègre et professionnelle que je connaisse. Elle est toujours prête à se dépasser et à investir de longues heures de travail dans le but d'atteindre les étoiles dans l'apprentissage de nos élèves. Cette femme intense et passionnée marie bien l'apprentissage et le coeur. Comme je le soulignais plus tôt, le "dérapage drôle" avec sa complice Mme Joubert donne une touche magique à notre programme. Ses "insides" avec les élèves dans la classe et sur facebook seront des souvenirs que nos jeunes n'oublieront jamais. Pour conclure, Mme Michaud est une femme très exigente envers elle-même. Elle réussit par contre à obtenir la même chose de ses élèves avec de l'encouragement, en croyant en eux, en les aimant et en donnant toujours le meilleur d'elle.

Élaine Laforest:
Mme Laforest est une enseignante d'anglais avec nous en secondaire 2-3-4-5. Cette enseignante a choisi de réorienter sa carrière il y a maintenant  3 ans. Grandement établie comme personne de référence au niveau du PEI dans notre établissement, Mme Laforest désirait relever de nouveaux défis. Mme Laforest a la faculté de faire rendre les gens qui l'entourent biens, heureux et surtout, importants. Elle croit au potentiel de chaque être humain sur Terre. Cette femme carbure lorsqu'elle se trouve à l'extérieur de sa zone de confort. Elle incite les élèves à prendre des risques calculés pour développer leur plein potentiel. Mme Laforest nous ramène souvent à l'ordre lorsque notre état n'est pas à son meilleur. La belle et grande franchise à l'intérieur de notre équipe lui permet de défendre son point de vue lorsque nous sommes tous à contre-sens. Sa joie de vivre et son amour incomparable pour la vie font d’elle la personne qui vous souhaiteriez que vos enfants côtoient pour apprendre à développer cette plus belle richesse: comment être heureux!

Mélanie Ouellette:
Mme Ouellette est enseignante de français en secondaire 1-2 et anglais de sec. 1. Mme Ouellette est venue remplacer  Mme Tremblay lors de son congé de maternité d'une main de maître en janvier 2015. Elle nous quittera, malheureusement, au retour de la relâche en mars 2016. Avis aux intéressés, vous avez une excellente enseignante qui deviendra "agent-libre sans compensation" à compter de cette date :) Mme Ouellette a su relever le défi avec brio en remplaçant une enseignante de la trempe de Mme Tremblay et en adhérant à une philosophie nouvelle et à des années lumières de l'enseignement traditionnel. Sa capacité d'adaptation, sa rigueur et son 6e sens font d'elle une excellente enseignante. Grâce à elle, nous avons pu conserver une belle synergie et une stabilité au sein de notre équipe. Pour conclure, Mme Ouellette a un excellent esprit de décodage humain et une excellente capacité d'adaptation.

Comme vous l'avez sûrement remarqué, je suis le seul enseignant masculin de mon équipe. À la blague, je mentionne souvent que je ne suis pas chanceux. Au contraire, je suis l'homme le plus chanceux du monde. Sans vouloir être sexiste, je crois qu’une grande majorité des femmes ont une belle sensibilité qui doit être transmise à nos élèves. De plus, leur souci du détail et de l'organisation nous permettent de nous améliorer grandement.

QUALITÉS ET COMPÉTENCES

Premièrement, je crois que la première qualité qu'un enseignant doit posséder est l'intelligence émotionnelle. En effet, un enseignant doit se connecter au coeur avant d'espérer un apprentissage quelconque. Bien entendu, pour y parvenir, on doit investir du temps. C'est pourquoi nous suivons nos élèves de secondaire 1 à 5. Les élèves et les enseignants doivent sentir qu'ils ne sont pas des numéros. Je crois que c'est l'une des plus grandes forces et avantages de l'école primaire. La signifiance permet de créer la confiance. C'est la confiance entre chacun qui permet de soulever des montagnes.

Deuxièmement, un enseignant se doit d'être authentique. En effet, nos jeunes ont besoin d'avoir des modèles positifs qui n'essaient pas de cacher leur vraie nature. Ils doivent être en contact avec des gens qui leur présentent leurs forces et leurs faiblesses tout en restant en équilibre. D'un point de vue du développement de la personne, cette authenticité permet de détruire le modèle de la perfection que la société exige. Du côté pédagogique, les erreurs, les échecs, le questionnement et le doute donnent aux élèves la chance de modeler leurs stratégies d'apprentissage.

Troisièmement, un enseignant doit laisser libre cour à sa créativité. Il est plus que temps de terminer l'ère des manuels scolaires. En créant des "expériences d'apprentissage" nos jeunes seront beaucoup plus motivés, engagés, heureux et, surtout, ils ont la chance de développer leur plein potentiel. Cette liberté pédagogique permettra également une plus grande latitude dans la personnalisation.

Quatrièmement, un enseignant doit être un apprenant. Ceci est de loin le plus beau cadeau qu'un pédagogue puisse offrir à ses élèves. En donnant l'exemple d'apprendre pour le plaisir, par passion, pour le dépassement, par souci de rigueur, l'enseignant donne l'exemple et donne accès à son processus interne d'apprentissage. Il est de la responsabilité de l'enseignant de s'assurer d'avoir un plan de formation continue pour demeurer à l'avant-garde en éducation.

Cinquièmement, un enseignant doit s'adapter. Nous travaillons avec des HUMAINS. Il n'y a pas de recette universelle. Chaque être humain est différent, donc, il apprend différemment, à un rythme différent et il a des intérêts différents. Pour augmenter le beau défi que cela représente, ces êtres vivants ont des émotions qui sont guidées selon les défis que la vie leur présente. Vous comprendrez que le changement est un paramètre invisible qui a une force herculéenne. Soit tu apprends à l'apprivoiser, soit il te détruit!

Sixièmement, un enseignant se doit d'avoir la faculté du bonheur. Ici, je parle du vrai bonheur. Je fais donc référence à la deuxième qualité et compétence. Les élèves ont besoin de voir des adultes vrais devant eux. Donc le bonheur n'est pas toujours au rendez-vous dans nos vies. Toutefois, un enseignant doit partager le bonheur qu'il a d'exercer le plus beau métier du monde. Les élèves, les parents les collègues, leurs amis, leurs familles doivent sentir à quel point ils sont heureux de changer des vies. Ce bonheur est contagieux et permet aux jeunes d'avoir foi en l'avenir.

RÊVONS UN PEU:

Bien entendu, j'ai sûrement oublié plusieurs qualités et/ou compétences. De plus, je n'ai pas la prétention de toutes les posséder ou les maîtriser. C’est pour cela qu’il m'est venu l'idée à travers les années d'une vision folle et éclatée d'un changement de paradigmes dans les rôles des enseignants: coach, arbitre, créateur.

Premièrement, dans ma vision, je viendrais offrir des rôles différents aux enseignants. Ainsi, certains pourraient jouer le rôle de coachs, d'arbitres et de créateurs. Je m'explique. Je considère que le triple rôle des enseignants de faire développer chez leurs élèves leur plein potentiel, de créer des expériences pédagogiques et d'avoir la responsabilité d'évaluer celui-ci nous met déjà en conflit. Dans plusieurs autres domaines de notre société ces "pouvoirs" sont séparés. Par exemple, un entraîneur de patinage artistique prépare son athlète à performer lors d'une compétition. Il n'a pas la responsabilité et le pouvoir de noter sa performance. Un enseignant de cours de conduite guidera un jeune dans les rudiments de la conduite automobile. Il ne sera pas assis du côté passager lors de son examen à la SAAQ.

1) Les coachs:   Premièrement, les "coachs" auraient la chance d'offrir à leurs élèves une vision d'équipe et non d'obligations et de menaces pour créer l'apprentissage. Ce processus permettrait de faire davantage de place à l'erreur/diagnostic, au modelage, à la rétroaction et au plaisir d'apprendre. Leurs principales responsabilités seraient les suivantes: bien-être de l'élève, guider et développer leur plein potentiel d'être humain, faire découvrir leurs types d'apprentissage et leurs stratégies et de faire équipe avec les parents pour soutenir la cohérence entre la maison et l'école.

2) les créateurs: Deuxièmement, les créateurs auraient le plaisir de créer des expériences pédagogiques incroyables qui permettraient aux coachs de les faire vivre à leurs jeunes. Je vois la distinction entre les deux rôles par l'exemple d'un scénariste et d’un metteur en scène. Les deux ont besoin de travailler en étroite collaboration pour permettre un chef-d'oeuvre. Le coach aurait toujours le plaisir d'adapter, d'innover, de suggérer et surtout de se tromper. Je suggérerais fortement aux enseignants de créer des duos et d'alterner au cours de la même année, à chaque année et/ou du même cycle pour ne pas être déconnecté de la réalité. Comme pour le coach, le créateur devrait bien connaître les élèves pour offrir des expériences pédagogiques personnalisées.


3) les arbitres: Finalement, les arbitres auraient la responsabilité de créer des tâches autonomes cohérentes, concrètes et motivantes pour évaluer les apprentissages de nos jeunes (j'espère que vous avez remarqué que je ne parle pas d'examens traditionnels. Ce sera le thème de mon prochain billet). Ils auraient également les responsabilités suivantes: évaluer l'apprentissage des jeunes, suggérer des pistes précises de diagnostics et d'aide en cas d'échec, de guider les coachs et les créateurs pour leur permettre de bien développer leurs élèves, d'apprendre à bien connaître les élèves pour les différencier et offrir des tâches autonomes personnalisées.

Cette distinction des rôles permettrait de maximiser la différenciation chez les enseignants. En effet, ce travail d'équipe changerait grandement les paradigmes du rôle de l'enseignant traditionnel, mais il ferait naître des conditions optimales pour recentrer l'éducation vers ses priorités: développer le plein potentiel de chaque jeune, s'assurer de leur offrir la chance d'être heureux et non pas d'évaluer à outrance des contenus souvent vides de sens.


mercredi 27 janvier 2016

Que voulons-nous vraiment? #1 Les structures


Ça fait bientôt 9 ans que je travaille année après année à réfléchir, à essayer, à lire, à chercher et à tenter d'innover dans le merveilleux monde de l'éducation. Au cours des dernières années, nous avons assisté à une mobilisation grandissante vers le faire autrement. Les succès comme Clair, refer et tous les autres colloques, congrès et edcamp nous démontrent que le vent du changement est sur le point de se transformer en tempête.
À la lumière de ce constat, cette question occupe énormément mon esprit: que voulons-nous vraiment?
Bien entendu, Il y a autant de réponses que nous sommes d'individus. De plus, je n'ai aucunement la prétention d'avoir la vérité absolue, ni, encore moins, d'avoir la recette unique pour créer l'école du 21ème siècle. En effet, je ne crois pas du tout au concept "clé en main" en éducation.

Donc, dans un esprit de partage et de collaboration, j'aimerais vous exposer ma vision de l'éducation 2.0 par le biais d'une série de 5 articles qui auront pour thèmes: les structures, les rôles de l'enseignant, l'évaluation, les mécanismes de ma vision  et le curriculum. Vous remarquerez que je ne ferai aucunement allusion aux technologies. Pour moi, ce débat n'a pas sa raison d'être. Ils font parties de nos vies à présent. L'école comme toutes les autres sphères de notre société ne peuvent s'en dissocier. Également, ces magnifiques et puissants outils sont des moyens pour changer nos pratiques pédagogiques et non une finalité en soi.
Bonne lecture et au plaisir d'échanger avec vous sur ce sujet :)

1. Les structures

Dans un premier temps, il est faux de croire qu'un changement en profondeur ce fera sans une réelle refonte de nos structures. Nous sommes plusieurs à parler de collaboration, de partage et de créativité. Pour ce faire, nous devons revoir nos structures scolaires tant au niveau de l'organisation des groupes, de l'horaire quotidien et annuel et des effectifs professionnels.

Je suis un ardent défenseur des groupes multi-niveaux et multi-âges par choix et non par désir d'économie ou de contraintes de nombre d'élèves dans certaines écoles. Depuis 9 ans, le programme voie d'avenir développe ce modèle. Les avantages sont multiples: baisse flagrante de l'intimidation, collaboration étroite entre les pairs, obligation pour les enseignants de changer leurs pratiques pédagogiques, personnalisation de l'apprentissage, environnement qui s'apparente de plus près à la vraie vie, relation significative enseignants/élèves/parents, etc.

 Cette structure pousse les membres de cette "famille" à vivre en harmonie en se souciant de la réussite globale de ses membres et ayant pour but commun de travailler ensemble pour s'entraider. Concrètement, l'élève à le pouvoir de créer son horaire. Cette organisation qui s'inspire des  écoles alternatives permet automatiquement de concevoir des groupes multi-niveaux (sec. 1 à 5). Pour ceux qui sont plus pragmatiques, il me fera plaisir de vous présenter les mécanismes de ma vision dans le dernier article de cette série de 5.
Comme je l'ai souligné un peu plus tôt, l'horaire quotidien et annuel doit être revus. En effet, pour accroître la motivation et l'autonomie des élèves, il est plus qu'important de revoir l'horaire des élèves. Puisque tous les êtres humains sont uniques, il est normal de constater une disparité en ce qui concerne le niveau de compréhension de nos élèves. C'est pourquoi que je crois à un modèle personnalisé.
Lorsque nous permettons aux jeunes de décider ce qu'il fait, quand il le fait et, la plupart du temps, comment il le fait il est clair qu'on leur donne les outils nécessaires pour pouvoir prendre une place active dans leur apprentissage. 

Pour l'avoir expérimenté depuis plus d'un an, nous constatons une grande amélioration au niveau de la responsabilisation et de l'autonomie de nos élèves. L'opportunité de choisir la planification est stimulante et permet un engagement plus important de ceux-ci. Ainsi, un jeune ayant de la facilité en une matière quelconque aura la chance d'effectuer son travail en beaucoup moins de temps ou d'approfondir celui-ci sans être interrompu par le son agressant d'une cloche qui est là seulement pour nous rappeler nos structures beaucoup trop rigides.

Dans un même sens, l'année scolaire doit aussi être revue. Pour de multiples raisons: vacances familiales, compétition sportive, rendez-vous, etc. La structure de l'année scolaire devrait laisser place à beaucoup plus de souplesse selon les contraintes d'événement mentionnées précédemment. Encore une fois, cette modification aurait des impacts bénéfiques à plusieurs égards: motivation, responsabilisation, différentiation, valorisation des talents autre que scolaire, etc. La personnalisation permettrait également de revoir le concept de durée unique de l'année scolaire (septembre à juin). La durée unique est l'un des grands saboteurs de la motivation scolaire selon moi. Rêvons un peu... pourquoi pas des sessions d'été qui permettraient à un jeune de prendre de l'avance dans son curriculum et/ou d'approfondir une discipline qui le passionne.

Nous ne pouvons pas parler de structures sans glisser un mot sur la répartition des effectifs professionnels à l'intérieur de ce système. Avec l’avènement des technologies et le partage de l'information, le rôle de l'enseignant à changer. En ce sens, les enseignants devraient être répartis selon leurs compétences humaines, professionnels et par intérêt. Sans vouloir élaborer sur ce sujet puisqu'il touche à un thème précis de ma série d'articles, ( #2 rôles de l'enseignant) l'enseignant pourrait avoir l'opportunité, en partenariat avec la direction, de choisir un rôle précis dans l'établissement: coach, innovateur, évaluateur. Cette différenciation au niveau des enseignants aurait pour objectif d'augmenter la signifiance et humaniser les relations entre les individus.

N'hésitez pas à communiquer avec moi si vous avez des questions et ou des commentaires.

pojette@etude.ca
twitter: @pojette @28gr

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